Disparition du professeur Eric Fuchs

Eric Fuchs, professeur honoraire d'éthique (Faculté de théologie - Université de Genève) est décédé le 24 octobre.

Le professeur Christian Grappe nous offre son témoignage…

 

"Je dois beaucoup à Éric (Fuchs) et avais conservé avec lui des liens d'amitié très forts après les années durant lesquelles j'ai été son assistant.

Il était très fidèle en amitié, toujours à l'écoute et bienveillant, si bien que c'est précisément la reconnaissance pour sa profonde humanité qui s'exprime en premier lieu.

Cette humanité se retrouvait aussi dans son travail d'enseignant chercheur et dans les nombreux liens qu'il avait tissés, notamment avec les équipes médicales, pour réfléchir aux problèmes qu'elles rencontrent et aux questions qu'elles se posent dans l'accompagnement des patients, plus particulièrement en matière de fin de vie.

Sur le plan personnel, c'est avec lui que j'ai découvert, dans le champ de la systématique, l'importance d'une approche méthodique, fondée sur la connaissance des grands textes et des grands auteurs car je n'avais pu en bénéficier à Strasbourg où cette étape était alors omise. Le manuel Comment faire pour bien faire, à la gestation duquel j'ai eu le privilège d'assister, reste ainsi pour moi un modèle de réflexion intelligente, mise à la portée du plus grand nombre avec à la fois simplicité et conviction.

Il m'avait encore associé à la rédaction du Droit de résister, faisant de moi le coauteur de l'ouvrage là où beaucoup d'autres n'auraient fait figurer le nom de l'assistant que dans la préface. Il y là un témoignage du profond respect qu'il avait pour le travail des autres et de l'attention qu'il leur portait.

Quant au titre d'un autre de ses ouvrages Tout est donné, tout est à faire, il reste pour moi un programme de vie exprimant à merveille comment ont vocation à s'articuler la grâce et la sanctification et ce que veut dire l'expression "rendre grâce" dans le quotidien de nos vies.

 

Il m'avait aussi ouvert, avec Rose-Marie, son épouse, les portes de leur maison, à l'époque où ils résidaient encore rue Tabazan, cela pour nous associer, avec nos enfants alors tout jeunes, à la célébration de l'Escalade. Et c'est notre fille Marjolaine – qui s'en souvient encore! –, qui avait eu le privilège de casser la marmite ce jour-là!

Enfin, nous avions pu bénéficier de leur généreuse hospitalité à Tatti, dans les paysages de Toscane, au milieu des oliviers et en compagnie de sa joyeuse descendance qu'il aimait tant. Et il me semble que c'est une forme de grâce aussi que ce soit dans ce cadre qu'il ait pu, alors qu'il était encore en pleine possession de ses moyens, parachever un parcours de vie placé sous le sceau de la grâce qui nous précède, des valeurs de l'Évangile et de la fidélité de Dieu à ses promesses.

 

À la Faculté de théologie de Genève, dont il restera une figure marquante, et à toute sa famille, dont je connais, grâce à Rose-Marie et à lui, bien des membres, je tiens à dire toute ma sympathie en ce jour de deuil qui doit être aussi, me semble-t-il, pour ce qui me concerne, l'occasion d'exprimer explicitement une profonde reconnaissance."

Christian Grappe,
Professeur de Nouveau Testament
Faculté de Théologie protestante de Strasbourg