Traduire sans trahir ? Les 13, 14 et 15 juin – Misha

LA TRADUCTION DES TEXTES ANTIQUES

HIER, AUJOURD’HUI ET DEMAIN

Le congrès est consacré aux questions suscitées par l’activité de traduction, laquelle se trouve au cœur du métier de philologue. Destinée à permettre l’accès à des textes pour des lecteurs qui ne maîtrisent pas la langue originale dans laquelle ils ont été écrits, la traduction contribue ainsi à la diffusion d’un savoir. Elle comporte également une dimension éducative, en accompagnant l’apprentissage d’une langue étrangère ou étrange qui n’existe désormais qu’à l’écrit, voire en permettant le perfectionnement d’un style. Cependant traduire, déjà dans l’Antiquité, c’est aussi adapter, voire modifier. D’où le succès de la formule rhétorique « traduttore, traditore ». Car si traduire, c’est souvent et forcément trahir (toute traduction étant par essence imparfaite), la trahison peut être accrue en raison de la distance temporelle et culturelle qui nous sépare de l’Antiquité. Mais il y a plus. Les écarts existant entre le texte-source et le texte d’arrivée s’expliquent aussi autrement : ils sont révélateurs, que ce soit à dessein ou inconsciemment, de présupposés ou d’objectifs méthodologiques, esthétiques, religieux, politiques, idéologiques, etc. Il n’en demeure pas moins que l’imperfection peut être limitée. Si l’époque des « belles infidèles » est révolue dans la recherche internationale, le contact direct avec les textes anciens suscite néanmoins toujours un dilemme, entre la littéralité et l’élégance, entre l’esprit et la lettre, entre l’effacement et la visibilité, entre le sens de l’écrit et le souffle de l’oral, l’idéal à atteindre se situant dans la synthèse d’éléments qui s’opposent mais qui ne devraient pas être contradictoires.

Ce sont toutes ces modalités de la traduction, tous ces questionnements du traducteur qu’il s’agit d’analyser, en s’intéressant aux pratiques de traduction dans l’Antiquité, à l’époque de l’Humanisme et aujourd’hui, tout en s’interrogeant sur l’avenir de la traduction des textes antiques. Une telle réflexion se révèle d’une importance capitale dans un monde où les langues anciennes n’ont plus forcément la cote et où la maîtrise de ces langues devient une compétence rare, alors même que l’attrait pour l’Antiquité ne se dément pas. Elle s’avère aussi en phase avec l’évolution de la recherche littéraire contemporaine et avec tout un mouvement intellectuel s’intéressant aux questions de « traductologie », comme en témoignent par exemple les débats qu’ont suscités la traduction commentée de Mein Kampf par Olivier Mannoni ou les réflexions de Tiphaine Samoyault (cf. son ouvrage Traduction et violence, Paris, 2020). Sur ce genre de sujet, l’Antiquité permet de formuler des réponses et de fournir des clés, quand une réflexion sur le bien traduire concerne un aspect majeur de la transmission du patrimoine fondateur et fondamental des humanités.

Lieu: Maison interuniversitaire des sciences de l'Homme – Alsace | MISHA 5 allée du Général Rouvillois | Strasbourg